L'inscription d'Antonin en CP... Quel casse-tête! C'est étrange... Il y a encore quelques mois,je n'aurais jamais envisagé la possibilité de ne simplement pas remettre Antonin à l'école en septembre prochain... Et puis j'ai découvert ce que vivaient certaines familles qui pratiquent l'instruction en famille et ce qui n'était même pas une question à se poser, en est devenue une, cruciale.
J'ai beaucoup lu sur la question... pesé le pour, le contre... essayé d'envisager le "problème" sous tous les angles et pendant quelques temps, la balance a sérieusement penché du côté de l'IEF et d'une déscolarisation.
Et puis Antonin a fait un bilan neuropédiatrique. C'est un bilan que nous avions déjà sollicité pour Thomas, qui a aujourd'hui 13 ans, lorsqu'il en avait 5, le même âge qu'Antonin aujourd'hui. Et le même cas de figure. C'est fou cette impression de déjà-vu! Le bilan ne nous a rien réellement appris que nous ne sachions déjà: Antonin est "hors normes", un profil dit "hétérogène" avec un fonctionnement qui se rapproche assez de celui de son frère aîné, Timothée, grand zèbre (moi, je l'aime bien cette appellation de zèbre pour les hauts potentiels...) de 15 ans, mais avec ses particularités propres... un peu comme si ce petit zèbre avait des rayures noires et blanches au lieu de les avoir blanches et noires, vous me suivez? ;-)
Bref, le professeur B. nous a clairement dit qu'Antonin et l'école, ça allait être compliqué, comme pour ses grands frères avant lui... Toutefois, quand la question de la déscolarisation a été posée, elle s'est montrée franchement réticente... Non pour des questions d'apprentissages... mais pour des questions de compétences sociales, de confrontation à l'altérité. Et là, je dois dire que j'ai clairement senti le découragement gagner la partie.
Fin novembre, je ne savais plus vraiment quoi penser, quoi faire... Alors je suis retournée à la source: j'ai observé mon enfant pour savoir ce qu'il avait à me dire. Au mois de décembre, je l'ai regardé évoluer: ce que j'ai constaté, c'est qu'il apprenait vite, une fois qu'il était arrivé à maturation sur un sujet (phonèmes, numération, notion de temps...), qu'il avait fait de réels progrès au niveau de la maîtrise de ses gestes et du travail de la main, qu'il avait une mémoire phénoménale. Mais j'ai constaté aussi que sa capacité à vivre avec d'autres (faire attention aux autres, ne pas couper la parole, écouter, attendre son tour...) restait encore en souffrance malgré tous nos efforts pour l'aider à faire attention et à sortir de sa bulle... Et que l'IEF avec sa part de relatif isolement (non, il ne s'agit pas du fameux cliché de la "non-socialisation" des enfants instruits en famille... Je réalise bien que les enfants IEF ne vivent pas en vase clos), n'allait peut-être pas l'encourager à dépasser cette difficulté...
Un autre aspect qui a pesé dans la balance: c'est qu'Antonin ne manifestait aucune difficulté à aller à l'école, qu'il avait plaisir à nous faire part de ce qu'il y avait découvert et de ce qu'il y faisait, qu'il était même de temps en temps plutôt demandeur.
Nous avons donc fait le choix de maintenir Antonin à l'école l'année prochain et de voir comment son passage à l'école élémentaire allait se passer... Et nous allons essayer de l'accompagner le mieux possible dans cette scolarisation qui aura, nous le savons, son lot de difficultés, quitte à dire stop s'il devient manifeste que le maintenir à l'école l'enferme dans ses difficultés et l'empêche d'avancer à son rythme.
Restait la question du choix de l'école. Nous avons vite éliminé de nos choix l'école primaire publique de notre quartier... Et pourtant comme j'aurais préféré pouvoir faire le choix de la proximité (l'école est dans notre rue, sur le même trottoir, à quelques minutes à pied) et de mes convictions, de la gratuité aussi. Mais cette option-là s'est vite révélée intenable: les échos que nous en avons eu, notamment dans le cas d'enfants atypiques, nous ont consternés... Et puis le rythme de la semaine des 5 jours avec école le mercredi matin, la gestion des activités périscolaires, la fragilité d'Antonin, le fait qu'Antonin arriverait dans cette école avec l'étiquette "enfant à problème" héritée de l'école maternelle jumelée: nous voulions autre chose pour lui, un nouveau départ. Le maintenir à l'école, peut-être, mais pas dans n'importe quelles conditions.
J'ai hésité à tenter l'école Montessori de la métropole lilloise... qui a l'avantage d'être une école sous contrat, ce qui n'est pas négligeable: une école hors-contrat est pour nous inenvisageable financièrement. J'ai renoncé: elle se trouve dans la direction opposée de l'endroit où nous nous trouvons... Cela aurait représenté des temps de trajets infernaux et un stress trop lourd pour notre famille... Et puis les listes d'attentes sont telles dans cet établissement qu'il y avait peu de chances que nous parvenions à obtenir une place pour Antonin...
Restaient donc les écoles privées de notre secteur... Voilà Antonin en passe d'être inscrit... En espérant que nous aurons fait le bon choix, qu'Antonin s'y trouvera bien et qu'il y sera accueilli... Et je me sens prête à relever le challenge d'essayer de cheminer vers une forme de "co-schooling"... Une forme d'accompagnement qui reste à définir et à inventer...